Petite sieste

Shânylla longeait la rivière de Niam qui sillonait le plateau de la roche, plus calme que la Rivière Blanche. Elle aimait se promener ainsi, sans but précis, dans des endroits plutôt déserts. Ainsi, elle se sentait calme, tranquille... Elle n'appréciait pas frocément la solitude mais ne la détestait pas non plus. Elle ne s'était armée que d'une dague et d'un sourire. S'agenouillant au bord de l'eau, elle aperçut une forme brune et se lécha les babines en identifiant un Niam. Elle dégaina se dague et la plongea dans l'eau pour embrocher le crustacé mais il s'éclispa derrière un rocher. La jeune lefe haussa alors les épaules et rengaina son arme. Puis elle s'assit à l'ombre d'un arbuste désséché et se laissa somnoler.

- Que...

Shânylla se redressa en sursaut avant de sortir sa dague.

Que je suis bête ! Je m'endors comme une masse et je n'ai même pas de sabre... Rien qu'une dague et un peu de magie !

L'elfe se radoucit cependant en apercevant la Salaÿ. Ce peuple était assez pacifique, même si elle devait rester vigilante... Elle se rassit, la dague toujours à la main et attendit une parole de la part de celle qui l'avait réveillé.

- Je t'ai vue, tout à l'heure ! J'ai fait rôtir quelques niams, veux-tu y gouter ?

J'ai lu dans son esprit que c'était rôtis qu'elle les préférait...

La Salaÿ tendit une immense assiette garnie d'une douzaine de niams et de purée de carottes.

-Ne fais pas ta timide, tu dois avoir faim, viens t'asseoir à côté de moi et parle moi de toi.

Je ne suis pas timide, mais méfiante... Oh et puis zut, je meurs de faim !

Shânylla s'assit donc et dévora le plat avec appétit.

- Merci pour le repas, j'adore les Niams rôtis... Comme vous appellez vous ? Et que faites-vous dans les parages, sans être indiscrète ?

- Moi ? Appelle-moi Ayimad. Et tu n'es pas indiscrète, je venais juste faire une petite promenade, le paysage est magnifique, ici, un peu désolé, mais magnifique.

Kalira s'est surpassée. J'adore méditer ici au coucher de soleil.

- Mais parle-moi de toi. De quel peuple es-tu ? Comment t'appelles-tu ? Quelle déesse révères-tu ? Quels sont les mythes et légendes de ton peuple ?

La Salaÿ enchaîna toutes ces questions à toute vitesse sans respirer.

- Euh... Je suis Shânylla et... Je suis une haute elfe... Ce qui fait que je vénère Kalira. Mais la puissance de Monn'Y'Daskra m'impressiones. Quant à Damiya... Je l'aadore et je sais qu'elle pourrait m'aider à trouver un équilibre mes jours de doutes. Les mythes et légendes ? Ils sont bien nombreux... Il y a celui de la Rivière Blanche. La légende dit qu'elle serait violente car des guerriers se sont battus sur ses berges. Leur sang se mêla à l'écume, blanchit et fit augmenter le courant.

La jeune elfe, d'abord hésitante, c'était lancée avec passion sous le regard attentif de la Salaÿ.

Cette jeune elfe est décidément très intéressante.

Elle s'assit tranquillement en tailleur et écouta la passionnée de mode parler avec de plus en plus d'animation. Finalement, elle déclara :

Ce sont de mythes très intéressants, mais ils ne mentionnent que deux des déesses. As-tu une idée de pourquoi Damiya n'y apparaît pas ?

Shânylla réfléchit un instant.

- Les hauts elfes doivent vénérer Kalira. De plus, c'est quand même la créatrice, la "mère"... Cela explique sa présence. Quant à sa soeur, elle est la clé de l'histoire puisqu'elle a été corrompue par les créatures. Et puis c'est le contraire de Kalira... Mais Damiya, c'est différent. Elle crée et maintient un équilibre qui nous paraît... Comment dire... Naturel. A force, on n'y pense plus. Sans compter que... J'aime beaucoup Damiya mais...

Shâylla prit une inspiration.

- Ce n'est pas la faute de Moon'Y'Daskra si elle est "méchante". C'est celle des créatures. Pourquoi ? Mais parce que l'équilibre était trop marquée, et qu'ensuite le mauvais a gagné sur le bon... Je crois que mon peuple en veut à Damiya, il estime qu'elle a mal fait son travail... Et il la renie.

- Au moins c'est une explication claire. Mais t'es-t-il déjà venu à l'esprit qu'elle avait pu en avoir assez que ses soeurs la traitent en inférieure et la gomme des légendes car elle était trop puissante ? Et puis, dis-toi que c'est quand même elle qui a créé ton âme. Ce que tu dis est néanmoins très juste.
Mais tu ne m'as rien dit sur toi. Quelle est ta passion ? C'est important d'avoir un rêve, c'est grâce à lui que les déesses te reconnaissent et ont envie de t'aider.

La Salaÿ ne semblait pas fachée des commentaires désobligeants de Shânylla sur sa déesse.

- Elles se battent comme des chiffonières, oui !

Déclara la nouvelle amie de Shânylla en éclatant de rire.

- Mais les déesses peuvent être très sympathiques et s'occuper de peuples qui ne les vénèrent pas forcément. Regardes-toi ! Tu n'as jamais mis les pieds dans le temple de Damiya, pourtant ne me dis pas que tu n'as jamais eu l'impression que la balance penchait un peu en ta faveur !

Shânylla rit à son tour puis reprit son sérieux.

- C'est vrai, parfois... Mais j'aurais préférais qu'elle le fasse avant pour je garde ma famille !

- Je suis désolée si cela te parait inhumain, mais serais-tu devenue ce que tu es sans la perte de ta famille ? Au mieux, tu n'aurais été qu'une pimbêche ignorante et superficielle.

Damiya se rassit, attendant une réaction qu'elle savait par avance explosive.

Shânylla sentit les larmes lui montait aux yeux.

- Je ne vois pas en quoi l'amour d'une famille aurait me rendre pimbêche et ignorante ! C'est bien facile à toi de me dire ça, mais as-tu souffert comme moi ? J'ai perdu mon père et amis dans une guerre, puis j'ai vu ma mère mourir dans les atroces souffrances de sa maladie, impuissante... Et cela très jeune ! A présent, tu es en train de me dire que mes peines, mes souffrances m'ont fait du bien ? Tu me dis que ma famille m'aurait trnasformée en une... en une...

Shânylla éclata en sanglots et partit en courant.

- Non ! Non ! Reste, Shânylla, je ne voulais pas dire ça, je t'en prie !

Damiya commença à pleurer.

- Pourquoi ! Pourquoi est-ce que j'ai remué le couteau dans la plaie ! Je suis une idiote, il aurait mieux valu que je me taise ! Il aurait mieux valu que je n'existe jamais !

En entendant cela, Shânylla se retourna et murmura :

- Non, tu mérites d'exister... Et tu sais pourquoi ? Parce que tu m'as fait prendre conscience de quelque chose de très important. Je ne peux pas revenir en arrière mais je ne suis pas seule, on me soutient et je suis devenue quelqu'un... De toute manière je les aurais perdu un jour ou l'autre. Mais j'aimerais ne pas parlais de ça.

- Je suis vraiment désolée, mais j'ai vu mourir tant de personnes qui comptaient pour moi... Je suis un peu insensible, maintenant. Et je parle sans réfléchir.
Puis-je te proposer un thé, j'ai toujours de quoi en faire sur moi.

- Pourquoi pas ?

Shânylla s'assit et essuya ses larmes.

- Tu sais, ce n'est pas ta faute... C'est moi qui n'est pas su accepter cela.

- Peu de gens savent l'accepter, mais la plupart de nous autres Salaÿ avons perdu un ou plusieurs proches au combat, de sorte que nous sommes en quelque sorte plus " blindés" que tu ne devais l'être au moment où c'est arrivé, tu avais une famille aimante, et tu devais être sûre que cela durerait toujours, alors, quand tout a volé en éclats...

La Salaÿ haussa les épaules, elle n'avait aucun moyen de trduire cela en mots.

Shânylla, mal à l'aise, sentit les larmes lui montaient à nouveau aux yeux. Elle serra les dents pour les empêcher de couler.

- Arrêtons maintenant... Je crois que... J'ai encore du mal à faire face à ça et je ne veux pas en parler.

- J'arrête.
Thé à la menthe ou au jasmin ?

Damiya fit chauffer sa bouilloire sur son modest feu de camp.

- Très bon choix, en plus le jasmin aide à digérer.

L'eau bouillante, la Salaÿ versa un curieux mélange dedans. L'odeur qui s'en dégageait donnait envie de baver. *^^*

- Ca sent bon...

Shânylla prit une tasse, la remplit et commença à boire. Le thé était chaud et sucré, d'un arôme délicieux. Elle passa une langue sur ses lèvres et reposa la tasse au sol.

- Dis moi, Amyiad, tu ne m'as pas parlée de toi... Tes ambitions, tes rêves... Et les légendes de ton peuple ? Je ne connais que celle de Marikova.