La corne d'or

Ca tombe bien, j'ai pas de vieux. Je te l'enverrais un peu plus tard. A ton temple je pense.

Kalira remercia Damiya d'un signe de tête puis se détourna. Naëma ne l'avait toujours pas suivi.

-Mademoiselle ? Venez s'il vous plait.

Dalavir entra dans la boutique l'air de rien, mais son aura maléfique le suivait partout. La réputation de la boutique avait fait le tour de la cité, y compris qui la tenait. Cet homme méprisait profondément les enfants.
Il entra, et interpela la vendeuse :
- Bonjour. Je cherches des chevaux... Spéciaux. Vous pouvez m'aider?

Kalira se retourna vers l'homme et le reconnut aussitôt à son aura. Elle avait appris ses "exploits" et pour cela elle le détestait.

-Ca dépend. Quel genre de chevaux ? Et avez-vous de quoi payer ?

Elle fit un grimace méprisante et insolente espérant le faire ainsi sortir de ses gonds.

- Ne vous inquiétez pas, j'ai tout ce qu'il faut.
Son sourire était resté gravé sur son visage blanc. De quoi haïr.
- Je recherche un cheval fougueux, particulièrement doué pour le combat et qui ait quelque chose de spécial. Avec lequel je pourrais m'assembler...

-Avec qui vous pourriez vous assembler ? Pourriez vous développer ?

Kalira réfléchit. C'était un client après tout. Et il valait mieux laisser les mortels gérer leurs affaires seuls...

-J'ai plusieurs chevaux doués pour le combat. Voulez-vous les voir ?

Toujours avec son petit sourire qui pourrait mettre mal à l'aise le plus dur des guerriers, il répondit de sa voix haïssable:
- Avec plaisir. Si possible, des chevaux capables d'infliger des dommages... Assez importants...

Kalira ne répondit rien. Elle resta songeuse un instant puis sembla se décider.

-Suivez-moi.

Elle conduisit le jeune homme vers le portail interdit et lui fit signe de l'attendre. Elle ressortit un peu plus tard, tenant par la bride un cheval qui, étrangement, semblait à peine consient de ce qui lui arrivait. Elle le dirigea vers un enclos où elle le fit entrer puis revint vers le jeune homme.

-J'ai utilisé un sort pour le calmer mais les effets vont bientôt se dissiper. Je vais m'occuper d'autres chevaux, pendant ce temps vous pouvez l'observer et essayer de le monter si vous le désirez. Vous me direz ensuite si il vous convient.

Kalira revint vers le poulain de Naëma, l'emmena vers un box et en ressortit au bout de quelques instants.

-Maintenant c'est bon, vous pouvez l'emmener. Mais pouvez-vous me dire son nom ?

Naëma sortit brusquement de ses pensées en voyant la fillette revenir vers elle. Elle était accompagnée d'un homme assez grand, au yeux sombres et au regard perçant qui la fit frissonner. Elle tendit une main confiante vers le poulain et lui caressa doucement l'encolure. Elle approcha sa bouche de son oreille et murmura un mot, un seul :

- Brume.

Le poulain hennit joyeusement et lui donna un coup de tête amical. Elle éclata de rire mais retrouva immédiatement son sérieux en croisant le regard impassible de l'homme.

- Brume, répéta-t-elle. Je vais l'appeler comme ça... Qu'en pensez-vous ?

Dalavir s'approcha doucement de l'encolure du cheval. Ces derniers lui étaient chers, on peut même dire qu'il préfèrait les chevaux aux hommes. Il murmura une phrase inaudible à son oreille, puis le caressa tout en longueur. De deux pas, il se planta devant sa face chevaline et vit une étrange lueur rouge dans son regard voilé. Sa robe était noire, mais étrangement, le bout de sa crinière et de la queue viraient brusquement au rouge sang. Un sourire mauvais éclaira la face de l'elfe d'une lumière noire.
- Destin, murmura-t-il. Je sens que nous allons faire de grandes choses ensembles...

Une jeune elfe aux cheveux roses arriva en coup de vent :

- Salut, toi, comment ça va ? lança-t-elle à la vendeuse. On devait pas aller t'obtenir de nouveaux animaux ?

C'est alors qu'elle remarqua Dalavir...

- Oh, désolée, je ne vous avait pas vu. Vous allez bien ? Vous avez l'air tout crispé ! Vous voulez que je vous fasse un massage ? Je masse très bien, vous savez, je suis d'ailleurs employée dans un centre de thalasso. Et vous, c'est quoi votre métier ? Ca paye bien ? Vous êtes marié ? En tout cas, vous êtes vachement beau gosse !

Par-dessus l'épaule de l'elfe noir, elle adressa un discret clin d'oeil à Kalira. Elle était en train de lui rendre un fier service, et elle espérait que la déesse le lui revaudrait.

Ok, opération "faire dégager les gêneurs" en cours. On devrait pouvoir discuter tranquillement, après.

- Whaou, j'adore le regard qui tue, il marche vachement bien ! Et à part ça, vous savez faire quoi d'autre ?

Mon Dieu, mais quand est-ce qu'il va dégager ? J'aimerai parler en privé avec Kalichoups !

Kalira eut du mal à ne pas éclater de rire. Elle fit cependant signe à Damiya de se calmer un peu puis alla vers Dalavir.

-Il vous plait ? Parfait. Ce sera...

L'enfant hésita un instant puis se décida.

-200 écus. Vous le prenez où vous voulez que je vous l'ammène ? Au fait, Naëma, Brume, c'est un très joli nom.

Zut, je ne sais plus si je suis sensé connaitre son nom.

Naëma sourit à la petite fille et la remercia joyeusement. Elle flatta doucement l'encolure de Brume puis, se rendant compte de quelque chose, demanda à la fillette :

- Heu... Vous n'auriez pas un licol ?

[Désolée, je ne sais plus si elle sait qui tu es... Ni si elle te vouvoie... ]

[Il me semble que tu me vouvoies et que tu ne sais pas que je suis une déesse.]

Kalira soupira.

-Je ne vends pas de matériel mais je dois avoir quelques licols dans un coin. Vous voulez que j'aille voir ?

Elle fit les gros yeux à Damiya qui recommençait à parler.

Deux secondes, je t'ai dit que je t'apporterais ton dragon à ton temple ! C'est juste que je n'ai pas eu une minute à moi.

- Ah oui, merci, ça serait bien, répondit Naëma avec un petit sourire d'excuse. Heu, ça coûte combien ?

Dalavir sortit machinalement les 200 écus et les tendit à Kalira, avant de monter Destin. Comme toute réponse à la question de la petite fille, il répondit :
- Je m'en charge.

-Allez, c'est gratuit pour vous ! Je vous le donne, vous en aurez peut-être besoin plus tard... Par contre, c'est 100 écus pour le cheval.

Kalira regarda Dalavir partir et soupira en espérant que le bel étalon ne tuerait pas trop d'hommes. Elle essya de chasser ces pensées négatives et alla mettre à l'entrée le panneau fermé pour que d'autres clients ne viennent pas.

Poussant presque Dalavir dehors, Damiya s'exclama :

-On va enfin pouvoir discuter ! Voilà, tu m'avais dit que tu cherchais des chimères, mais les Cho-Ja, qui sont les seuls à pouvoir s'en procurer sur Mû, je te rappelle, préfèrent traiter en personne avec leurs acheteurs. Donc, si tu es intéressée, va falloir te rendre à la fourmilière.

[J'ai pas tout compris, disons que je suis partie. ]