Offrande

Shânylla s'avança lentement. Une bonne odeur s'était répandue dans la pièce. Ce parfum la tranquillisa et la mit en confiance, c'est pourquoi elle sortit de l'ombre.

Une guérisseuse...

Naëma, sentant une présence derrière elle, se releva et se retourna. Elle sourit à l'elfe qui lui faisait face.

- Bonjour ! Je suis venue prier la Déesse pour être Guérisseuse. Je m'appelle Naëma. Et vous ?

Mais qu'est-ce qu'il m'arrive, moi, d'être gentille comme ça ? Je ne la connais même pas !Je dois vraiment avoir forcé sur les doses.

- Je m'appelle Shânylla, dit la jeune elfe d'une voix douce. Mais Naëma, je... Enfin, pour être franche, on ne se serait pas déjà vu ?

[Heu... Attend, on s'est déjà vu ou pas ? x) ]

Naëma rougit, ce qui se voyait d'autant plus qu'elle avait une peau très pâle.

- Heu... Pour être franche aussi, je ne sais pas. Ou en tout cas, je ne m'en rappelle pas.

Elle tenta un faible sourire tandis que son cerveau travaillait à toute allure [il s'est rallumé ] pour essayer de se rappeler quand elle avait bien pu rencontrer cette jeune elfe.

[deux fois : baignade dans plage et exploration dans plaine des rois]

Shânylla vit que la guérisseuse rougissait et lui sourit.

- Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise...

[Oh pardon ! ]

Le visage de Naëma s'éclaira brusquement.

- Ah oui ! Désolée, ça m'était sorti de la tête, s'excusa-t-elle.

Elle sourit chaleureusement à Shânylla, s'en voulant d'avoir oublié ces rencontres.

- Tu m'excuses ?

- Evidemment ! Ce n'était pas bien grave... Ainsi donc tu veux devenir guérisseuse, reprit Shânylla. J'espère que tu réussiras... Ce n'est pas un métier facile.

Shânylla accompagna ses paroles d'un sourire encourageant.

Tiens, je n'avais jamais vu ça sous cet angle.

- Ah bon ? En fait, je n'ai jamais rencontré de Guérisseur, donc je ne sais pas trop... Mais Damiya m'a offert une sacoche pleine d'ingrédients, alors j'ai commencé à faire plein de mélanges.

Elle se remémora l'une de ses expériences qui l'avait conduite à dormir à l'extérieur tellement l'odeur qui régnait dans sa cabane était insoutenable.

- Ce flacon en fait partie... ajouta-t-elle en souriant. C'est censé avoir un effet apaisant.

Clap clap clap !

- Bravo ! Deux races si différentes qui s'entendent ! Si c'est pas mignon !

L'intruse semblait être une elfe noire. Elle souriait ironiquement et son regard était glacial.

Naëma rougit violemment et se retourna vers l'intruse.

- Et alors, ça gêne quelqu'un ?

L'elfe noire était décidément très antipathique.

- Qu'une Créature qui prie Damiya et qui renie son peuple existe ? Mais non, mon chou, ça ne déplaît à personne, tu vas juste te faire lyncher ! Et en plus, tu discute avec une elfe sans l'étriper ! C'est du joli !

- Qui renie son peuple ?

Naëma se sentait au bord des larmes. Elle n'avait jamais renié son peuple, et quel mal y avait-il à ce qu'elle prie une autre Déesse que la sienne ?

- Et explique-moi pourquoi je "l'étriperai" ? demanda-t-elle en s'efforçant de ne pas faire trembler sa voix. Elle ne m'a rien fait, que je sache !

Le jeune Créature brûlait d'envie de se transformer en une grosse bête puissante - panthère, tigre ou lion - et de se jeter sur l'elfe noire. Mais en même temps, elle commençait à sympathiser avec l'autre elfe et ne voulait pas perdre sa confiance...

- Mais c'est une Haute elfe, chérie, tu sais, ce peuple qui fait la guerre au tien depuis sa création !

Damiya voulait voir jusqu'où Naëma pouvait se retenir de l'assassiner, voir si elle avait le calme nécessaire à une bonne guérisseuse. Et puis, il fallait bien avoir un méchant dans l'histoire.

Une rage froide s'emparait lentement de Naëma, mais elle luttait pour ne pas se laisser avoir. Elle n'était pas aussi belliqueuse que ses frères, car le sang de sa mère - et de la très faible branche des anciennes Créature pacifiques - coulait dans ses veines. Et elle tenait à honorer son sang.

- Peut-être, répliqua-t-elle, mais je n'ai jamais combattu contre les siens et elle n'a, à ce que je sache, jamais combattu contre les miens. Je n'ai donc aucune raison de lui en vouloir. Et si tu es une espèce de divinité mineure qui vient provoquer la discorde, va voir ailleurs si j'y suis !

L'elfe noire revêtit alors l'apparence de Damiya telle qu'elle était sur les statues et les peintures.

- Bravo, tu m'as prouvé que tu ne manquait pas de calme ni de courage, deux qualités essentielles pour une guérisseuse. Mais à toi de voir si tu ne sera qu'une apothicaire vendeuse d'herbes ou si tu te risquera au coeur des combats pour soigner les blessés. Je te nomme officiellement Guérisseuse.

La déesse claqua des doigts et disparut.

Naëma resta sans voix et resta plantée là un bon moment avant de se retourner vers Shânylla qui n'avait pas bougé.

- Oh, au fait... Je suis désolée de ne pas t'avoir dit ma nature plus tôt. J'avais peur que ça te fasse fuir, avoua-t-elle d'un air gêné.

Ben ça alors... Que cette elfe soit en réalité Damiya, ça m'épate... Je ne savais pas que les Déesses testaient les gens !

Alors comme ça, je suis Guérisseuse officielle ? Bon... J'aimerais être à la hauteur de ce qu'elle me demande. Mais je ne sais vraiment pas ce que je vaudrais sur un champ de bataille...

Se rendant compte que Shânylla la regardait, elle sortit de ses pensées et lui sourit.

- Excuse-moi, je pensais à autre chose.

Shânylla, légèrement surprise, sourit.

- Je n'aurais pas fui pour les même raisons que toi. On ne verse pas le sang dans un temple, et tu ne m'as rien fait... Mais tu vois pourquoi je parlais de métier difficile, reprit-elle. Si tu restes dans la région, tu soigneras des rhumes et une ou deux entorses. Tes soins ne serviront vraiment que sur les champs de bataille, comme l'a dit Damiya, et c'est pourquoi le courage est aussi important dans ce métier que la science des herbes.

Sur ces mots, Shânylla sourit à nouveau et s'éloigna.

Kalira arriva sous la forme de la fillette que Naëma avait rencontré. Elle prit lentement le flacon et en respira une bouffée.

-Tu es très douée ! Tu as déjà la protection de deux déesses et je pense que Moony t'aidera volontiers.

Elle sourit et disparut avec le flacon.

C'était une autre Déesse, ça ?

Naëma était abasourdie et... folle de joie : la Déesse avait apprécié son mélange ! Le sourire aux lèvres, elle repartit d'un pas léger en suivant les traces de Shânylla.

[Tu peux fermer je pense. ^^ Mais Moon'Y'Dashkra ne vient plus, non ? ]

[non plus trop... tu vas sur mes traces mais on va où ?]

[Je sais pas. x) N'importe où. Enfin ça voulait juste dire que je repartais. ]

[ok. On n'a qu'à dire que c'est après ça qu'on est allée au cimetière. Maintenant, on peut vraiment fermer...]