Un peu de ménage...[PV Andana - Shânylla]

Shânylla marchait depuis un moment déjà de sa démarche légère. Le soleil brillait, les oiseaux chantaient et elle était heureuse. Elle pensait aux gens qu'elle avait rencontrés... A la manière, positive, dont elle avait changée, appris. Et soudain, elle eu envie de prier. Non pas pour une déesse, mais pour ses connaissances qui lui avait fait ouvrir les yeux... Ses pas la conduisirent vers les lieux sacrés, les colonnes de l'Ame plus exactement. Shânylla ne les avait vu que de loin, sans oser s'approcher, et cette vision nouvelle lui fit un choc. C'était si... Beau, si grand, si pur surtout ! A couper le souffle. D'ailleurs, l'elfe ne regarda même pas sa sublime tenue dans la colonne si brillante qu'on y voyait son reflet, c'est dire !
Soudain, elle aperçut une jeune fille à une autre colonne. Cette dernière abordait un air légèrement triste, teinté d'inquiétude...

Non, personne ne doit s'inquiéter dans un endroit si pur ! Personne n'a le droit de troubler le bonheur qui règne ici de pensées négatives... Je dois la réconforter ! Cela me fera une personne de plus à prier, j'en suis sûre...

Shânylla se dirigea donc résolument vers l'inconnue et, d'un ton enjoué, lui lança :

- Bonjour !

Ce mot, pourtant murmuré en raison du calme de l'endroit, résonna plutôt fort entre les murs de marbre. Alors, la jeune fille la regarda...
Et Shânylla comprit qu'elle s'était adressée à une elfe noire ! Elle avait beau être devenue amie avec l'une d'entre elles, elle doutait que l'expérience puisse se reproduire avec une autre fille. C'est donc sur le qui vive qu'elle attendit la réponse...

Andana ne répondit pas, sur le qui vive. Elle jeta un oeuil furtif de chaque côté de la plaine où ils se trouvaient.
Puis, finalement, elle lâcha un simple :
- Qui êtes-vous ?

Shânylla retint un soupir de soulagement en voyant que l'elfe noire se contentait de l'interrogez. Elle avait l'air méfiante, mais n'avait même pas touché d'éventuelles armes...

- Je m'appelle Shânylla, répondit la jeune fille, toujours d'un ton enjouée.

Pas question de perdre la face !

- Je crois qu'il est inutile de préciser à quel peuple j'appartiens, poursuivit-elle avec un petit sourire gêné. Et vous, qui êtes-vous ? Vous m'aviez l'air soucieuse, tout à l'heure. Peut-être puis-je faire quelque chose ?...

Et voilà, je me mêle encore de ce qui ne me regarde pas !

Andana la transperça du regard et, cherchant à contrôler les battements affolés de son coeur, répondit un peu brusquement bien malgré elle.
- Ca ira.
Puis elle tenta de se désintéresser de la nouvelle venue.

Les paroles brusques de l'elfe noire énervèrent Shânylla. Elle avait beau s'y attendre, elle sentait qu'elle perdait lentement le contrôle de ses nerfs... Surtout lorsque l'inconnue regarda ailleurs, tentant de se désintéresser de son interlocutrice. Shânylla respira alors à fond pour ne pas exploser et dit, un peu trop sèchement peut-être :

- Je vous prie de m'excuser d'insister de la sorte, mais moi, ça n'ira pas tant que vous ne m'aurez pas dit la vérité. De plus, je vous ai posé une question et il me semble qu'il serait poli d'y répondre, surtout que je l'ai fait moi-même. Alors, qui êtes-vous ?

L'elfe attendit la réponse avec un mélange de colère, de méfiance et de curiosité : que répondrez donc l'inconnue ?

Andana tenta de ne pas s'énerver et répondit, d'une voix très bien contrôlée :
- Si vous voulez tout savoir, je suis le Voile Noir qui tente de me cacher ici. Ça vous convient ?
Attendant la réaction de l'elfe, elle lui jeta un regard pénétrant avec ses immenses yeux verts.

La voix était contrôlé, mais pas l'expression du visage : on devinait de l'impatience derrière les traits de l'elfe noire. Cependant, Shânylla n'y prêta pas attention, concentrée sur la réponse de son interlocutrice. Réponse qui la surpris beaucoup, d'ailleurs...

Le Voile noir... Pourquoi ça me dit un truc ? Oh, mais oui, j'y suis !

Se souvenant enfin de qui était ce voile, Shânylla esquissa un mouvement de peur mais songea qu'elle était protegée par la pureté du lieu. Enfin... Elle l'espérait !

- Je...

L'elfe blanche voulut commencer une phrase mais devant le regard pénétrant de l'elfe noire, elle perdit ses mots et dû faire une longue pause avant de reprendre :

- Pourquoi ? Pourquoi être criminelle ? Et surtout... Le voulez-vous vraiment ?

Andana lui jeta un regard dur :
- Je n'ai pas le choix.

Le regard dur de la criminelle fit à nouveau frissonner Shânylla. Excédée par Madame-j'ai-réponse-à-tout, elle lâcha, très durement elle aussi :

- On a toujours le choix !

Elle était venu trouver la paix, mais elle ne la trouvait pas. Elle aurait voulu pleurer, hurler, arracher la tête à tout le monde avant de se noyer dans son chagrin. Elle voulait partir. Sans compter cette elfe venue lui faire la morale...
Elle parlait de choses qu'elle ignorait totalement !
- Désolée pour cette froideur, reprit elle avec un détachement exaspérant. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps ; je m'en vais.

Elle n'avait pas vu le garde sylvestre derrière la colonne.

Le détachement exaspérant dont le Voile noire faisait preuve fit soupirer Shânylla, mais il en émanait malgré tout une certaine tristesse qui la fit hésiter. Elle réfléchit rapidement à ce qu'elle pourrait dire tandis que l'elfe noire faisait mine de s'éloigner... Et elle trouva. D'une voix calme, presque douce, elle murmura :

- Si vous partez, vous ne trouverez la paix nulle part ailleurs. Votre esprit est tourmenté et cela m'est inadmissible, criminelle ou pas, elfe noire ou blanche. J'ai conscience que je parle de quelque chose sur lequel je ne suis pas très informé... Mais je sais au moins une chose : vider son sac, ça fait du bien. Si cependant vous ne le voulez pas, ou pas avec moi, si je vous dérange trop... C'est à moi de partir. Mais restez... Je vous en prie.

Shânylla fit alors quelque chose qu'elle n'aurait jamais pensé faire : elle prit la main d'une ennemie criminelle qui plus est en manque de réconfort...

Elle non plus n'avait pas vu le Garde Sylvestre...

Andana l'observa un instant avec deux gros yeux ronds : elle n'en revenait pas. Comment...

Soudain, un énorme rugissement brisa le calme et une créature semi-humanoïde, d'une saleté poussante et à la peau blanche mise en valeur par la saleté envoya, d'un grand revers de main Shânylla à deux mètres, et c'est de justesse qu'elle évita la colonne. Avec un regard fou, il plaqua Andana contre la colonne en et "grinça" :
- Femme, ton maître t'attends ! N'oppose pas de résistance ou tu mourras.
Elle lui répondit en lui enfonçant sa dague dans le bras qui la retenait, arrachant un hurlement à la créature. La jeune elfe roula au sol et se releva en empoignant fermement le couteau taché de sang. Le monstre lui envoya un regard torve qui la glaça sur place et elle fut envahie de la certitude si caractéristique de cette espèce : elle n'y arriverait pas. Il allait la conduire à qui il voulait, elle qui sait ce qui se passera, alors ? Elle avait, depuis toute petite, la phobie d'être esclave, et en croisant le regard de l'être, la certitude d'en devenir une s'abbatit sur elle comme un coup d'enclume sur le crâne.

D'une voix blanche, elle ordonna à Shânylla :
- Va t'en !!!

Elle bondit en avant.

Andana regarda Shânylla avec des yeux ronds. L'elfe ouvrit la bouche pour lui expliquer la raison de son geste, consciente d'avoir fait une bêtise, quand un rugissement déchira le silence du lieu sacré. Une monstrueuse créature sortit de nulle part bondit sur Shânylla et l'envoya balader à deux mètres. L'elfe évita de justesse une colonne et se redressa, préparant ses poings, mais elle se rendit vite compte que ce n'était pas elle qui était visée. Stupéfaite, elle regarda Andana résistait comme elle le pouvait à l'abominable créature.

- Va t'en ! lui ordonna-t-elle.

L'elfe ne rêvait que d'une chose : obéir, courir, loin, loin... Céder à la peur surhumaine qui l'envahit comme une vague. Mais elle lutta, les poings serrés.

- Pas question ! Je ne peux pas te laisser, ce serait de la lâcheté pure et simple... Et cette créature ne respecte pas l'asile des lieux sacrés, elle doit donc payer ! Que je reste au moins pour défendre l'honneur des déesses...

Sur ces mots, l'elfe bondit en avant. A nouveau, avec un agacement visible, la créature tenta de l'envoyer valsée mais bien préparée, elle réussit à éviter le coup. Elle envoya un violent coup de poing dans le ventre de la chose pour lui couper le souffle. Cela sembla marcher... Plus ou moins ! Shânylla fut saisie par la gorge et plaquée contre une colonne de marbre.

Je ne compte pas pour lui... Il va m'éliminer...

Mais Andana semblait avoir profiter de ce répit pour reprendre des forces...

Shânylla avait de moins en moins de souffle, ses poumons se vidait... Elle commençait à y voir trouble quand la chose la lâcha suite à une intervention de la criminelle. Cette dernière évita un coup mais sa joue se retrouva égratinée. L'elfe blanche y fit à peine attention, trop occupé à inhaler des bouffées d'air... Quand, soudain, elle songea à quelque chose... Elle n'était pas très bonne en magie, mais avait quand même des pouvoirs de protection ! Comment avait-elle pu l'oublier ? Elle sauta à côté d'Andana et tendit les mains devant elle, puis se mit à marmonner très vite et très doucement. Soudain, des filaments argentés sortirent de ses doigts et formèrent une bulle opaque de couleur argenté.

- Voilà, on est tranquille pour un moment... Maintenant, si tu m'expliquais ce qu'était cette chose, pourquoi elle te recherche et quel est son point faible ? demanda très vite l'elfe, se mettant à tutoyer le Voile Noir sans s'en rendre compte.

Dehors, la créature poussait des rugissements et cognait sur la bulle, en vain. Il faudrait au moins dix minutes pour le flux de magie s'éteigne.

Andana jeta à l'elfe un regard d'excuse.
- Excuse-moi, je ne voulais pas t'embarquer là-dedans. Je ne sais pas qui a envoyé cette bestiole qui était censée avoir disparue il y a près de deux mille ans, mais ses intentions étaient claires.

- Tu n'as même pas un soupçon ? demande l'elfe, soupçonneuse. Et quelle est cette créature ?

Un rugissement plus fort se fit entendre et une fissure apparut. Shânylla la touche et elle disparut mais l'elfe se sentait faiblir, utiliser la magie n'était pas facile, elle n'était qu'une débutante...

- Et puis, je m'en fiche de tes excuses ! Cette chose a-t-elle un point faible, oui ou non, et lequel ?

- Si il y en a un, je ne le connais pas ! Il faut fuir ! Et cette chose s'appelle un Garde Sylvestre.
La protection magique s'effritait. Et Andana préparait son attaque.

Tout autour des deux jeunes filles, la bulle s'effritait, s'effritait de plus en plus... Les fissures se multiplaient, mais Shânylla renonça à les réparer. Etrangement, alors qu'elle venait d'apprendre que l'elfe noire ignorait le point faible du Garde Sylvestre, elle sentait sa peur s'apaiser. Peut-être était-ce grâce à son amie qui, l'air déterminée, préparait son attaque ?

Attends attends... Qu'est ce que j'ai dit ? Mon amie ? Puis-je vraiment l'appeler comme ça ? Je ne sais pas... En tout cas, je voudrais qu'elle puisse me considérer comme tel...

Sans hésiter, Shânylla fonça à travers la protection à une vitesse stupéfiante, sortit du bâtiment et revint seulement quelques minutes plus tard. Elle était allé chez elle, sa maison étant tout près, et revenait avec un magnifique sabre. Alors qu'Andana, toujours à l'abri, se préparait, Shânylla fonça vers la créature, sauta et lui enfonça la lame dans la tempe.

Zut, je pensais que ça ferait plus d'effet... songea-t-elle en voyant le Garde Sylvestre envoyait balader le sabre. Mais au moins, je l'ai distrait, Andana peut donc être tranquille !

D'un mouvement souple, Andana atterrit sur la nuque du Garde tandis que Shânylla entreprenait de récupérer son sabre. Ceci fait, elle fixa son attention sur son amie, se demandant que faire : le monstre, pas si bête que ça, se secouait dans tout les sens en essayant d'attraper la criminelle. Il réussit enfin à la saisir par le col entre le pouce et l'index, à la plus grande de l'elfe blanche qui, ne sachant que faire, lança bêtement son sabre vers la créature. Au dernier moment cependant, elle glissa et l'arme partit à ras de terre, ce qui s'avéra d'ailleurs être une chance : la lame trancha les tendons d'Achille du Garde qui s'effondra avec une gémissement de douleur, lâchant Andana.